La berline de bois sombre frappée du blason toulousain sur ses portières arriva devant les portes du château dans un nuage de poussière.
Le cocher serra le frein et les essieux grincèrent tandis que la voiture attelée à quatre s'arrêtait. La comtesse nouvellement élue était assise bien droite à l'arrière, près de son secrétaire qui lui dressait un compte rendu détaillé des différents débats en cours au conseil et attendait son avis. Mais Marie n'écoutait plu, elle contemplait l'imposant édifice avec un certain trac. Elle était, jeune pourvue, elle l'espérait d'une certaine grâce, mais si cela lui avait servi à séduire l'électorat il en faudrait plus pour susciter le respect des hommes et femmes d'armes qu'elle s'apprêtait à rencontrer. Les papillons reprirent leur danse frénétique dans le creux de son estomac...
Elle respira à fond, s'ébroua et lissa ses jupes. Dehors, les hommes de faction à la porte d'entrée s'entretenaient avec son cocher sur l'identité de la visiteuse bien qu'ils l'eussent sans doute déjà deviné.
- Votre grandeur ?... Votre grandeur ! N'oubliez pas qu'il faut aussi statuer sur la question du Berry...
- ... hein ?!... Ah ! Oui, bien entendu. Bien entendu, oui. Depuis quand Toulouse n'a-t-elle pas eu de comtesse ? Je veux dire... ma condition de femme ne sera-t-elle pas trop mal perçue, à votre avis ? Je suis assez nerveuse...